DE LA VILLE DE PARIS.
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ral du Roy à Paris, apportées par Mons" l'evesque de Mascon W, desquelles la teneur ensuit :
4 septembre 154 4.
A mon cousin le Cardinal de Meudon, mon Lieutenant (jénéral à Paris.
«Mon cousin, ayant veu mes ennemys le bon ordre et provision que j'ay donné en mon camp, qui a esté telle que, encores que lesd, ennemys n'eussent autre deliberation que de le surprandre et venir à la bataille, à laquelle ilz estoient contrainctz, pour le peu de vivres qu'ilz ont, neantmoings mond, camp s'est mys et posé au devant d'eulx si bien à propos et en si bonne deliberation de les recevoir que lesd, ennemys, voyans leur contenance, pour estre pro­chaine et quasi joignans les ungs des autres, n'ont ousé venir à la bataille que mon armée leur a presen­tée; mais comme désespérez, ont assemblé vivres pour neuf ou dix jours, ne laissant riens derriere eulx, vivres, gens ne munitionnaires qui les puisse suivre, en deliberation, comme on peult juger, de mettre leur affaire à l'advanture, qui est l'endroit où je les ay tousjours actendu et desirez; car estant mon armée si forte qu'elle est et trop plus puis­sante qu'ilz ne sont, en telle et si bonne volunté de combatre qu'il n'est possible de plus, et de ce m'ont faict très instanment requerir. Ce que, tou­tesfoys, je n"ay voullu accorder pour ne mettre en hazard ung jeu que je voy avecques l'ayde de Dieu tout asseuré. J'ay bien voullu vous en donner advis, affin que, pour venir à l'effect que je desire, vous faictes en toute dilligence besongner aux rampars et forteresses de ma ville de Paris, asseurant bien les habitans d'icelle qu'ilz n'ayent aucune doubte et crainte, car si l'ennemy dresse là la teste par deses­poir, comme je voy qu'il est contrainct, ou de se re­tirer, j'ay toutes mes forces prestes et entieres, dont je mettray la plus grande partie au devant desd, ennemys, et iray en personne pour les secourir'2', laissant derriere une autre force à la queue desd, ennemys, pour leur rompre le peu de vivres qu'ilz pourront avoir et leur faire tout le dommage qu'il
sera possible, ayant desja faict oster et destourner, tous vivres de devant eulx, rompre fours et moulins, de sorte que je voy led. ennemy reduict en telle extremité, estant ainsi environné et enveloppé en mon royaulme, qu'il est impossible qu'il ne soit en­tierement perdu et ruyné. Vous priant ce pendant haster, comme dit est, lesd, reparations, en maniere qu'il soit pourveu si bien à toutes choses qu'il ne soit mys en doubte une chose que nous voyons cer­taine et asseurée. Croyant au demourant ce que vous dira plus amplement, de par moy,. l'evesque. de Mascon, mon conseiller, que j'envoye par devers vous expressement pour cest effect, tout ainsi que feriez ma propre personne. Priant Dieu, mon cou­sin, qu'il vous ayt cn sa saincte garde. Escript à Soudoyé !3>, le 1111e jour de Septembre mil v° xliiii. -
Signé : FRANÇOIS.
B
OCIIETEL.
Après lecture desd, lettres, mond. sr le Prevost a demandé aux assistans leur oppinion de ce qu'il est bon de faire en cest endroict. Lesquelz ont tous con­clud et advisé, suyvant la creance dud. evesque de Mascon present, que on doibt premierement se re­tourner vers Dieu, nostre createur, en luy deman­dant secours et pardon, et faire processions géné­ralles et particulieres, chascun jour, descendre les corps saincts et les sainctes reliques, en les prians intercéder pour nous envers Dieu ;
Qu'on doibt fermer trois portes delà les ponlz, et quatre deçà les pontz, les plus dangereuses et moings venantes ès grandz chemyns, et garder les maistresses portes par les bourgeois de lad. Ville les plus notables, jusques au nombre de huit à chascune desd, portes ouvertes;
Qu'on doibt faire haster la fortiffication de lad. Ville, et pour ce faire, continuer les pionniers comme ilz estoient, et plus, s'il est possible, et don­ner charge au Maistre de l'Artillerye de monter l'artillerye qui n'est montée, trouver les moyens d'avoir boulletz, pouldrcs, salpestres, charbon de saulx et souffre, et fondre de nouvelle artillerye, si on a le temps. Lequel Maistre de l'Artillerye pre-
C Pierre IlI du Chastel, évêque de Mâcon (1544-t55a).
(2) François I" vint effectivement à Paris, quelques jours après. Le 1 o septembre, il donna audience, au Louvre, à une dépulation du Parlement, composée du premier président Lizet et des présidents de Saint-André et Bertrand; il leur renouvela les assurances qu'il avait données au cardinal de Meudon et leur prescrivit diverses mesures à prendre pour ranimer la confiance des Parisiens, ébranlée par des préparatifs de défense un peu prématurés, et engager les absents à rentrer dans la ville. (Arch, nat., Reg. du Conseil dn Parlement da Paris, X1A 1553, fol. ti 87. )
C Saudoy, canton de Sézanne, arr. d'Epernay (Marne).                                                                                                ■ ■ - •
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